Domaine Clos Teddi

L’Agriate, une terre d’histoire. «Les productions de l’Agriata sont très savoureuses ; le blé, la viande, les poissons mêmes sont les plus exquis de toute la Corse ». Ainsi parlait Agostino Giustiniani, évêque de la Corse, en 1514 à propos des Agriate (l’Agriate, en langue corse), une des plus belles régions de l’île avec ses 40 kilomètres de côtes vierges et son massif montagneux de la Serra di a Tenda, ouverte sur la somptueuse vallée de l’Ostriconi à l’ouest et le Golfe de Saint-Florent et la plaine du Nebbiu à l’est. Connu pour abriter une activité humaine dès le Néolithique, l’endroit était autrefois le « grenier de la Corse », une terre fertile où l’on cultivait agrumes, oliviers et figuiers. Mais à la fin du XIXème siècle, les incendies dévastent la région, qui y gagne le surnom de « désert » malgré la richesse et la diversité biologique de ses essences (pins maritimes, chênes verts, cistes et myrtes, arbousiers, lentisques). Aujourd’hui encore, les vestiges de pagliaghji (anciens abris de bergers) sont largement visibles à travers le paysage, symboles du riche passé agricole de cette terre d’exception.

Au nom du père. A la fin des années 60, Jo Poli, un vétéran de la guerre d’Algérie, s’établit à Teddi, au pied du Monte Genova, point culminant des Agriate à 421 mètres d’altitude, pour tourner la page sur un passé tumultueux. Il se lance d’arrache-pied dans de longs et pénibles travaux pour réaliser le rêve d’une seconde vie : planter de la vigne au beau milieu d’une zone désertique, abandonnée par les hommes depuis des dizaines d’années. Après des années d’efforts, il parvient à ce tour de force : quarante hectares de vignes complantées. Les cépages choisis, Niellucciu, Vermentinu et Sciaccarellu sont exclusivement corses. Mais il décède brutalement en 1991, laissant derrière lui une fille, Marie-Brigitte, l’actuelle propriétaire du domaine, qui a perdu sa mère deux ans plus tôt.
A 17 ans, à peine sortie de l’adolescence, celle-ci doit faire face à un dilemme. Accepter de se défaire des terres que son père a mis tant d’années à développer pour vivre de son héritage, ou reprendre le flambeau. Le devoir de mémoire, la volonté de perpétuer l’œuvre paternelle prennent le dessus. Elle ne connaît rien à l’agriculture, ignore tout de la vigne mais elle se retrousse les manches et décide de poursuivre l’aventure. Il lui faudra quelques années pour parvenir à ses fins. La vigne est remise en état, la production professionnalisée, la qualité encore améliorée. Un véritable défi